La citoyenneté mondiale et l’apprentissage expérientiel à l’étranger
La citoyenneté mondiale et l’apprentissage expérientiel à l’étranger
Module 1 : Introduction à la citoyenneté mondiale « Le paradoxe de la citoyenneté cosmopolitique, c’est de ne pas présupposer son altérité. Dans la république des cosmopolites, il n’y a pas de non-citoyens. Si je suis citoyen du monde, je partage avec tous les autres hommes, ou avec tous les autres êtres du “monde”, la même citoyenneté. Il n’y a plus d’étranger. »
< > et coll. (2010, p. 199), « Immigration, cosmocitoyennté et justice globale »
L’apprentissage expérientiel à l’étranger et la citoyenneté mondiale :
L’apprentissage expérientiel à l’étranger est une idée adaptée d’un module d’apprentissage expérientiel créée par Kolb pour inclure un élément de voyage ou un élément international (Tiessen & Huish, 2014, p. 5). En sommaire, le module d’apprentissage expérientiel met l’accent sur un apprentissage cyclique, fondé sur les expériences personnelles. Cet apprentissage débute avec une phase d’observation, suivie par une deuxième phase de réflexion, pour être capable de compléter la troisième phase qui est de comprendre des concepts abstraits et, finalement, en quatrième phase, d’essayer de nouveaux concepts (ibid.). La combinaison de ce module avec les réalités de voyage a provoqué la création des programmes d’apprentissage expérientiel à l’étranger qui soutiennent l’apprentissage provenant des expériences de l’étudiant à l’étranger. En suivant ce type de programme, les étudiants auront une expérience à l’étranger de même que les outils nécessaires pour faciliter la réflexion, la compréhension, et la création des nouveaux concepts dans l’objectif d’enrichir l’apprentissage de l’étudiant à partir de son expérience à l’étranger. Dans un contexte éducatif, les universités, les collèges et les écoles secondaires promeuvent des programmes d’apprentissage expérientiel à l’étranger pour cultiver des diplômés qui sont des citoyens du monde.
Le concept de citoyenneté mondiale a plusieurs formulations : la citoyenneté globale, la citoyenneté cosmopolite, etc. On évoque ce concept dans des contextes divers, et parfois, contradictoires. Le chapitre par Nootens et coll. applique des théories cosmopolites à la problématique de l’immigration contemporaine et développe le concept de la cosmocitoyenneté pour explorer cette problématique d’un contexte de justice globale. Trouvez-vous que leur formulation est bien-fondé?
D’ailleurs, on considère les étudiants qui ont voyagé pour travailler comme volontaire ou pour l’apprentissage souvent comme des personnes expérimentées avec des communautés, des cultures, des sociétés et des politiques qui sont différents des siens. Croyez-vous que les voyages et la possibilité de traverser les frontières créent les citoyens du monde? Quelle est l’importance de voyage dans cette conceptualisation de citoyen du monde? Cette question peut engendrer plusieurs réponses.
On peut se poser plusieurs questions dans la recherche d’une réponse : qui est citoyen du monde? Existe-t-il des qualités ou des compétences obligatoires pour devenir un citoyen du monde? Quelles sont les responsabilités des citoyens du monde? Devrait-on accorder un statut légal aux citoyens du monde? Les lectures de ce module posent ces questions. Wasserman (2003) aborde ce sujet en liant le mouvement altermondialiste avec l’idée d’un gouvernement mondial.
Le chapitre écrit par Cameron (2014) établit le lien entre la citoyenneté mondiale et la théorie de cosmopolitisme. Il utilise la compréhension de la théorie cosmopolite pour mieux comprendre les obligations positives et négatives de la citoyenneté mondiale et du cosmopolitisme. Les idées discutées par cet auteur méritent une discussion profonde sur les babillards de discussion. Étant donné que les idées que vous apportiez à la discussion devraient se fonder dans la matière de ce module, veuillez compléter toutes les lectures et les activités avant de participer à la conversation (obligatoire) sur le babillard de discussion.
Lectures pour module 1 : Dans Globetrotting or Global Citizenship? Perils and Potential of International Experiential Learning révisé par Rebecca Tiessen et Robert Huish, 2014, University of Toronto Press. Chapitre 1 par Tiessen et Huish – “International experiential learning and global citizenship” Chapitre 2 par Cameron – « Grounding experiential learning in “thick” conceptions of global citizenship » Nootens, G. et Chung, R. Chapitre 9 « Immigration, cosmocitoyennté et justice globale. » Cosmopolitisme : enjeux et débats contemporains. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal. 2010. pp. 196 – 201. Wasserman, Gilbert. « L’embryon d’une citoyenneté mondiale ». Mouvements. Vol. 1, n° 25, 2003, p. 31-36
Veuillez suivre la vidéo de John Cameron qui est disponible sur le site Web du cours (en anglais, une transcription de la vidéo est disponible en français).
Questions de réflexion pour discussion : Après avoir lu les lectures et suivi les vidéos de ce module, comment décririez-vous votre compréhension de la citoyenneté mondiale? Pouvez-vous le définir? Qui est un citoyen du monde? D’ailleurs, qui ne mérite pas ce titre? Est-ce qu’on est tous des citoyens du monde? Est-ce qu’il est possible d’accorder un statut légal aux citoyens du monde? Est-ce que c’est une citoyenneté qu’on obtient selon nos actions? Croyez-vous qu’une citoyenneté mondiale existe en vérité? Pensez-vous que l’application du cosmopolitisme au concept de la citoyenneté mondiale est pertinente? Est-ce que votre nouvelle compréhension du cosmopolitisme a influencé ou a changé votre perception de la citoyenneté mondiale? Comment? Que pensez-vous de la discussion d’Andrew Mwenda sur le développement et la globalité? Comment est-ce qu’on peut lier cette discussion à celle de Cameron au sujet du cosmopolitisme et les conceptions superficielles et approfondies de la citoyenneté mondiale? Si vous ne traversez pas vos frontières nationales, est-ce qu’il est possible que vous soyez « citoyen du monde »? Et, dans ce cas, est-ce qu’il est important d’avoir fait le plaidoyer avec les membres des Premières Nations au Canada? Est-il possible d’être cosmopolite sans être citoyen mondial? Si vous luttez pour la justice sociale au Canada ou au sein de votre communauté, contribuez-vous à une identité de citoyenneté mondiale? Pourquoi? Pourquoi pas?
Directives pour le babillard de discussion : Prenez votre temps pour réfléchir aux questions ci-dessus. Vous avez, sans doute, des questions à poser après avoir lu les lectures et suivi la vidéo. Veuillez répondre à un minimum d’une des questions ci-dessus sur le babillard de discussion et ajouter une question que vous vous posez selon les lectures. Pour mériter une note de participation complète, il faut répondre à une des questions ci-dessus, poser une nouvelle question selon les lectures, répondre à une question posée par un de vos collègues et commenter une des réponses de vos collègues. En tout, il faut au moins quatre messages séparés sur le babillard de discussion pour ce module. Nous vous recommandons de continuer un dialogue avec vos collègues et que vous répondiez aux questions et commentaires qu’ils vous laissent sur le babillard de discussion.
Des ressources supplémentaires qui encouragent la compréhension et la réflexion en travaillant ce module : https://www.youtube.com/watch?v=V5ib9sD7yJA Qu’est-ce que la citoyenneté mondiale? Qu’est-ce qu’on veut dire par « agir local, penser global? » Cameron, S.D. « Qu’est-ce que l’apprentissage par le service communautaire? Acquérir la sagesse : le pouvoir transformateur de l’apprentissage par le service communautaire. » (Rapport) La fondation de la famille J.W. McConnell, 2010. pp. 6-15.
Transcription franҫais – Citoyenneté mondiale
Je me présente John Cameron, du Département des Études International à l’Université Dalhousie.
J’aimerais essayer de répondre à deux questions : C’est quoi la citoyenneté mondiale? Et, comment est-ce qu’on peut le promouvoir à part des programmes d’apprentissage expérientiel au sein des universités ?
Le terme « citoyenneté mondiale » est devenu de la jargonnerie ou un mot à la mode sur les campus universitaires, et, en particulier, au sein des programmes d’apprentissage expérientiel et de volontariat international qui prétend de le promouvoir. Mais, comme toute jargonnerie, ce terme est utilisé de plusieurs façons pour répondre à plusieurs intérêts
Alors, avant qu’il soit possible de discuter comment les universités peuvent promouvoir la citoyenneté mondiale au sein de programmes d’apprentissage expérientiel, il faut d’abord réfléchir plus profondément sur le sens de ce terme.
Le concept de la « citoyenneté mondiale » est d’un terme contemporain et convivial, qui remplace le terme ou concept de cosmopolitisme, qui est déjà bien établit. Ce dernier est le terme utilisé par les philosophes et les penseurs politiques qui s’engagent à comprendre et expliquer les questions d’obligations morales que tiennent tous les êtres humains, les uns vers les autres.
L’origine du mot « cosmopolitisme » vient de grec ancien et on l’attribut au philosophe Diogène, qui, en parlant, s’est identifié comme cosmo polites (un citoyen du monde).Dans cette même conversation, Diogène a indiqué que la façon qu’il comprend ses obligations vers les autres êtres humains inclus tous les humains des autres communautés et non seulement les citoyens de son propre état.
Ceci étant dit, l’éthique cosmopolite n’est pas seulement un phénomène occidental. On peut trouver les principes de cosmopolitisme, sous plusieurs noms,au sein d’une variété de religions et de systèmes de croyance au monde dont l’exemple le plus important est probablement celui de la règle d’or : l’idée qu’on doit traiter les autres de la façon qu’on aimerait être traiter.
< >Ce débat est trop important et trop détailler pour l’adressé dans un chapitre, un livre ou un discours de dix minutes, mais j’aimerais souligner les implications clés de la pensée cosmopolite pour la création des programmes d’apprentissage expérientiel.
Il est tellement important de faire ceci parce que plusieurs individuels et institutions qui utilisent le terme « citoyenneté mondiale » ignorent l’histoire de la pensée cosmopolite qui a le soutien, dont le résultat est l’abus et la mauvaise application du terme « citoyenneté mondiale »
Je crois qu’il faut une réunification entre le terme « citoyenneté mondiale » et la pensée cosmopolite pour assurer que le terme « citoyenneté mondiale » ait du teneur, de même que pour prévenir qu’il soit utilisé comme une jargonnerie convenable des politiciens.
Le cosmopolitisme n’est pas un groupe d’idées unifiées, cependant, il existe des principes de base sur lesquels les penseurs cosmopolites tombent d’accord, et je vais mettre l’axe sur deux de ces principes.
Premièrement, tous les êtres humains tiennent des obligations morales vers tous les autres êtres humains également, et ceci en vertu de leur humanité, quel que soit leur citoyenneté nationale, leur religion ou leur participation dans une communauté particulière. L’idée clé de ce principe est que nos obligations morales vers les autres êtres humains qui sont des inconnus qui habitent dans les pays loin de nous sont aussi fortes que les obligations morales que nous avons vers les citoyens et les habitants de notre propre pays.
Le deuxième principe de base sur lequel les penseurs en cosmopolitisme tombent d’accord est que les obligations morales que nous tenons vers les autres êtres humains comprennent deux sortes d’obligations éthiques : l’obligation positive de fournir d’aide directe aux personnes qui l’ont besoin et l’obligation négative de, tout d’abord, éviter de faire de tort aux autres, que ça soit direct ou indirect et que ça soit d’une manière intentionnelle ou accidentelle.
La plupart des programmes d’apprentissage expérientiel au sein des universités et qui envoient les étudiants et les jeunes à l’étranger pour faire du travail de volontariat ont une reconnaissance implicite des obligations morales qui sont positives – d’aider et fournir d’aide aux personnes en besoin. (Ceci est fréquemment le résultat d’une passion pour le volontariat et le tourisme au lieu de la reconnaissance d’une obligation morale).
Cependant, les programmes d’apprentissage expérientiel qui se retranchent derrière la citoyenneté mondiale méconnaissent souvent le fait qu’il fautune reconnaissance des obligations morales qui sont négatives de, d’abord, ne pas faire de tort, surtout les préjudices indirects et accidentels (ce qui incluent une obligation de ne pas bénéficier de la souffrance des autres).
Les obligations négatives sont complexes. Beaucoup de la souffrance humaine au monde n’est pas le résultat des préjudices directs et intentionnels, mais elle est le résultat des préjudices indirects et accidentels, causés par la participation cumulative de plusieurs personnes dans des institutions et des procès sociaux, politiques, et économiques qui ont pour résultat la souffrance des autres personnes.
Deux des exemples les plus fréquemment utilisés de ces préjudices indirects et accidentels sont notre participation directe et indirecte aux règlements globale du commerce, qui sont injuste, de même que notre participation directe et indirecte au changement climatique.Par exemple, à cause de ma participation dans le système de commerce globale et ma production excessive d’émission de carbone, je (et probablement vous) contribue à la souffrance des personnes qui habitent dans d’autres pays autour du monde, malgré qu’aucune personne parmi nous ait une intention délibérée de leur faire du mal. Ceci devrait nous mettre mal à l’aise.
Si les programmes d’apprentissage expérientiel cherchent vraiment à promouvoir la citoyenneté mondiale, il faut les concevoir d’une façon consciencieuse pour sensibiliser les participants aux obligations morales qui sont négatives vers les autres personnes. De plus, ces programmes devraient aider les étudiants à développer la capacité qu’il faut pour agir suite à ces obligations.
Un des défis auquel le cosmopolitisme fait face est celui que le théoricien Andrew Dobson appelle « le problème de la motivation ». C’est-à-dire, convaincre les autres personnes d’agir comme si les idées cosmopolites ont de valeur.
Dobson défend l’idée qu’une humanité partagée parmi tous les humains comme base pour les obligations éthiques du cosmopolitisme est très faible comme motivation et comme méthode d’encouragement aux autres de prendre leurs obligations éthiques qui sont positives et négatives au sérieux. Il déclare qu’ « il paraît que la reconnaissance cérébrale que nous sommes tous membres d’une même humanité n’est pas assez pour nous convaincre de faire le cosmopolitisme ».
Dobson utilise le terme « cosmopolitisme superficielle » pour décrire les pensées cosmopolites qui sont axés sur une humanité partagée comme motivation pour les actions cosmopolites. Et il insiste que si l’objectif est vraiment d’encourager le comportement cosmopolite parmi les gens, il faut que les motivations pour ce faire soient plus profondes.
La stratégie proposée par Dobson, et d’autres, pour ce faire s’axe moins sur l’humanité partagée comme motivation pour l’action cosmopolite et plus sur le lien de causalité qui nous rapproche de la souffrance des autres.
Une deuxième citation de Dobson indique que « c’est plus probable que nous sentions obliger d’aider d’autres en besoin si nous sommes responsable pour leur situation, s’il y a un lien de causalité que nous pouvons identifier entre ce que nous faisons ou ce que nous avons fait et comment ils sont ». En somme, l’argument de Dobson démontre que la promotion du cosmopolitisme, et, par conséquent, de la citoyenneté mondiale, exige une reconnaissance amplifiée des liens de causalités entre le comportement quotidien des personnes dans une partie du monde (le Nord Globale en particulier), avec les expériences de la souffrance et de l’injustice des personnes dans une autre partie du monde (le Sud Globale en particulier).
Encore, les exemples clés inclurent les façons dont mon comportement comme consommateur et citoyen du Canada m’implique dans les règlements injustes du commerce international et la production des émissions de carbone qui contribuent à la souffrance humaine dans les lieux lointains.
En partant de la pensée de Andrew Dobson, je crois que l’éducation à la citoyenneté mondiale devrait s’axé sur les concepts de cosmopolitisme profonde, qui amènent une reconnaissance des façons dont notre action et notre inaction peuvent contribuer à l’injustice et la souffrance humaine dans les lieux lointains. Alors, les connexions aux autres personnes dans les lieux lointains dépassent la connexion superficielle d’une humanité partagée pour atteindre une connexion profonde, qui nous implique dans les expériences d’injustice des autres.
Ceci étant dit, qu’est-ce que ces idées et pensées ont à faire avec les programmes d’apprentissage expérientiel à l’international?
En ce qui concerne les implications concrètes, si les programmes d’apprentissage expérientiel qui cherchent à promouvoir la citoyenneté mondiale prenaient les obligations négatives au sérieux, ils seraient capables, premièrement, de focaliser sur l’appui des étudiants dans la reconnaissance de leurs obligations morales qui sont négatives vers d’autres personnes de même que la reconnaissance des connexions complexes entre leurs vies quotidiennes et l’injustice dans les lieux lointains. Deuxièmement, s’ils prenaient le cosmopolitisme et certaines obligations morales qui sont négatives plus au sérieux, les programmes d’apprentissages expérientiels travailleraient plus explicitement pour appuyer les étudiants à développer les compétences nécessaires pour agir en vertu de ces obligations morales. Par exemple, les compétences nécessaires pour tenir responsable leur propre gouvernement pour les prises de décisions qui affectent les personnes dans des différents pays.
Si les concepts de cosmopolitisme profond et les concepts approfondis de la citoyenneté mondiale étaient pris au sérieux, et les programmes d’apprentissage expérientiel les instituaient comme éléments de base des programmes, il y aurait des fortes implications pour les localités des tels programmes. Au lieu d’envoyer les étudiants dans les lieux où les symptômes de l’injustice globale sont les plus prononcé, souvent dans les pays dites « en voie de développement », l’apprentissage expérientiel basé dans les concepts approfondis de la citoyenneté mondiale mettrait lumière sur les lieux où la puissance globale en politique et en économie est centrée; les lieux qui nous lient avec les causes d’une grande partie de cette injustice.
La décision de mettre en relief des obligations négatives et les concepts approfondis de la citoyenneté mondiale ne néglige pas l’importance de l’apprentissage interculturelle ni de la conscience globale, deux questions qui sont souvent au centre des programmes d’apprentissage expérientiel. Cependant, cette mise en relief nécessite que les universités travaillent plus fort pour aider les étudiants à développer les compétences nécessaires pour la citoyenneté active : rechercher, interroger, tenir responsable et, finalement réformer ou changer les politiques et les institutions qui contribuent à la souffrance humaine dans les différents pays au monde.